« L’œuvrier » est celui « qui, aujourd’hui, au travail, dans son activité, dans sa vie, est disposé à faire œuvre » quel que soit le domaine, à agir avec art, création, imagination.
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Du mouvement ouvrier au mouvement ceuvrier, il n’y qu’un pas qu’ils ont franchi allègrement, Roland Gori, psychanalyste, Charles Silvestre, journaliste, co-fondateur des « Amis de l’Huma » et Bernard Lubat, l’une des figures emblématiques du jazz engagé aujourd’hui, fondateur d’Uzeste musical. Avec en tête l’idée de conjuguer les intelligences pour conjurer l’obscurantisme et la peur, le dés-oeuvrement et le désenchantement. Ces trois-là, à force de manifester, en musique et en parole, ont décidé de poser les premières pierres d’un « Manifeste des ceuvriers » contraction, on le devine, d’ouvrier et d’œuvre. Il faut en finir avec le « travail en miettes » qui transforme chacun de nos métiers en chaîne de production standardisée, fabriquant des objets et des services sans saveurs ni originalité, et un monde glacial et désenchanté. Aujourd’hui, il s’agit d’innover en créant de nouveaux types de structures de travail, en gardant toujours l’esprit la dignité de la personne dans l’exercice de son métier. Un manifeste pour vivre et rêver, qui réhabilite la communauté humaine, son savoir-faire jusqu’ici morcelé au nom d’un libéralisme autoritaire, bureaucratique et mortifère. Face au travail en miette, les trois compères évoquent « une mine d’art ciel ouvert » et appellent à inventer de nouvelles fraternités.
« (…)Le temps libéré par la performance technologique devrait permettre de repenser son travail, de se parler, d’écouter, d’échanger les expériences sensibles de chacun et du groupe. Des mots ? Dans les boutiques de téléphonie, on ne se parle plus, on clique. Commande et paiement. Au suivant ! On vend de la communication, mais on ne la pratique pas soi-même. Drôle de modernité … La société est-elle vouée à une prolétarisation galopante, entre consigne et exécution, entre procédure et évaluation, à coups de chiffres et d’objectifs ? Ou la personne va-t-elle, dans le « professionnel », et grâce aux nouvelles technologies, retrouver ses droits ?(…) ». Extrait de « Manifeste des œuvriers » de Roland Gori, Charles Silvestre et Bernard Lubat aux Editions Acte-Sud.